mardi 26 mars 2024

Mardi saint: vivons, mes soeurs

Le matin est en guerre, celle des hommes. La nature chante son innocence, les oiseaux interpellent le soleil en tressant leurs voix...
 
Ici, les hommes jouent à la guerre… ailleurs, ils la font.
Ailleurs, ils tuent. Ils ont peur et ils tuent.
 
Sueur de sang.
 
Le calice est dans nos mains, toujours, et dans nos mains de femmes, nos mains de mères, nous recueillons le sang de l’humanité en douleur.
 
Il est mêlé au Sien… devient offrande par nos mains et dans nos cœurs devient prière.
 
Nos cœurs calices, un jour, débordant des larmes et du sang des aimés. Du sang de Ses frères, les enfants de son Père…
 
Les mots se posent sans moi. Je ne sais ce qui se dit, mais, mes sœurs, j’en sais le dévoilement.
 
Tous le regardent…
« Et ils regarderont vers moi, qu'ils auront percé, et ils en mèneront deuil, comme quand on mène deuil d'un fils unique…» (Za 12, 10)
 
Tous le regardent.
 
 Aujourd’hui tous regardent et voient. On ne peut ignorer la douleur du monde.
 
Tous le regardent.
 
Le calice dans nos mains recueille chaque larme, chaque peine, chaque goutte d’eau et de sang, mes sœurs, chacun de nos cœurs peut accueillir la douleur, la baigner de douceur, et tout doucement pour n’en perdre rien, la verser dans le cœur de Marie : elle le portera au Fils qui l’offrira au Père d’un souffle…
 
Semaine sainte…
 
Vivons, mes sœurs… osons entrer dans le troublant mystère d’un Dieu
qui se donne… 

lundi 25 mars 2024

Lundi saint

Un jour étrange, de bleu et de larmes…
Un matin tout en bleu, trois petits canards sur la rivière en paix, la ville se mire sur sa peau.  Cathédrale… toujours belle. Une foule de prêtres comme un mur blanc, mouvant à peine, frémissant, plutôt.

Et puis la paix, celle du dedans, qui noie les sens, qui perd le sens, l’immense ciel et la pauvreté de l’homme, la chaleur aussi, étrange, mais le gel, ce froid des os qui fait trembler tout le corps et claquer les dents.

 
Le mystère est trop grand,
Il étire l’âme au vide,
Et elle ploie et se perd,
Et se rencontre,
Et devient…

 La raison est une larme.

L’âme sourit enfin en son Dieu, parce qu’elle sait. Elle sait…
 
Tous le regardent.
L’amour se dévoile et il est violenté. Cloué. Abandonné. Mon âme soupire et se plaint, mais sa plainte est louange. Parce qu’en Lui elle est.

L’huile sainte coule et panse les plaies vives…
Douleur de femme…
Douceur de femme…
En silence. 
 

lundi 25 décembre 2023

Noël du point de vue de Dieu

 


Je voudrais vous parler de Noël autrement, vous parler de Noël du point de vue de Dieu. Approchons-nous comme les bergers du mystère de Dieu, du mystère du Noël de Dieu… en ôtant nos sandales, c’est-à-dire pieds nus, comme un pauvre, dans le silence du cœur.

Dieu en Jésus nous a rejoints, il a expérimenté l’homme jusqu’à en mourir. Il s’est fait petit enfant dans les bras de Marie, une enfant elle aussi, qui avait su dire oui, qui avait accepté, sans trop comprendre, le jusqu’au bout de l’amour de Dieu. Elle est là et elle nous montre son petit enfant, son agneau. Comme tant d’hommes et de femmes aujourd’hui, ils n’ont pas trouvé d’endroit où se réfugier. Rien qu’une écurie, pendant que l’auberge est pleine et qu’on y fait la fête, « Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu » (Jn 1 11), mais il demeure offert, jusqu’à la fin des temps. Offert à la crèche, livré à la Croix. Il est allé jusqu’au bout de l’amour, il a visité le séjour des morts, au plus profond de nos enfers, pour nous offrir la miséricorde du Père, nous faire entendre la prière du Père, orphelin de ses enfants…

Georgette Blaquière, message de Noël 1993 à Radio Jéricho.