À
l’oraison mes désirs me faisant souffrir un véritable martyre, j’ouvris les
épîtres de Saint Paul afin de chercher quelque réponse. Les chapitres XII et
XIII de la première épître aux Corinthiens me tombèrent sous les yeux… J’y lus,
dans le premier, que tous ne peuvent être apôtres, prophètes, docteurs, etc…
que l’Église est composée de différents membres et que l’œil ne saurait être en
même temps la main… 1Co
12,21 ; 1Co 12,29
La réponse était claire mais ne comblait pas mes désirs,
elle ne me donnait pas la paix… Comme Madeleine se baissant toujours auprès du
tombeau vide Jn 20,11-18 finit par trouver (Comme Madeleine se baissant toujours
auprès du tombeau vide finit par trouver)… ce qu’elle cherchait, ainsi,
m’abaissant jusque dans les profondeurs de mon néant je m’élevai si haut que je
pus atteindre mon but. Sans me décourager je continuai ma lecture et cette
phrase me soulagea : « Recherchez avec ardeur les dons les plus
parfait mais je vais encore vous montrer une voie plus excellente. » Jn 20,11-18 Et l’Apôtre explique comment tous les dons les plus parfaits
ne sont rien sans l’amour… Que la Charité est la voie excellente qui conduit
sûrement à Dieu. Enfin j’avais trouvé le repos… Considérant le corps mystique
de l’Église, je ne m’étais reconnue dans aucun des membres décrits par Saint Paul,
ou plutôt je voulais me reconnaître en tous… La Charité me donna la clef de ma
vocation. Je compris que si l’Église avait un corps, composé de différents
membres, 1Co
13,1-3 le plus nécessaire, le plus noble de tous ne lui
manquait pas, je compris que l’Église avait un Cœur, et que ce Cœur était brûlant
d'amour. Je compris que l’Amour seul faisait agir les membres de l’Église, que
si l’Amour venait à s’éteindre, les Apôtres n’annonceraient plus l’Évangile,
les Martyrs refuseraient de verser leur sang… Je compris que l’amour
renfermait toutes les vocations, que l’amour était tout, qu’il embrassait tous
les temps et tous les lieux … en un mot, qu’il est éternel !…
Ste Thérèse de l'Enfant Jésus, Manuscrit B