En Jésus-Christ, l’humanité, tout entière rassemblée dans son Amour, reçoit une dignité nouvelle, parce qu’un horizon infini nous est proposé à chacun en remettant entre nos mains toute la destinée, tout le sens de l’Histoire.
Avec Jésus, c'est le monde entier qui est remis entre nos mains
Le chrétien doit se faire un cœur universel. Le chrétien est
appelé avec Jésus-Christ à se dépasser infiniment, parce qu’il n’est pas chargé
seulement de lui-même; il est chargé de tout l’univers, de toute l’humanité,
davantage: il est chargé de Dieu dans toute l’Histoire et dans tout l’univers.
(…)
Chaque petit enfant apporte donc au monde cette possibilité
toute neuve, ce choix infini: au cœur de ce petit enfant, l’Histoire et
l’univers sont suspendus, car la Création comme la Rédemption est une histoire
à deux, une histoire que Dieu ne peut pas écrire tout seul, parce que c’est une
histoire d’amour.
Toute la puissance du sourire, toute la puissance de la
tendresse supposent le consentement. Sans consentement, sans ouverture, le
sourire ni la tendresse ne peuvent rien.
Et la puissance de Dieu n’est pas autre chose que le sourire,
que l’élan même de l’Amour qu’il est – et c’est pourquoi la création est sans
cesse remise en question par le choix que nous faisons de nous-même, c’est
pourquoi tout enfant est nécessaire à l’accomplissement du plan de Dieu, comme
il peut, hélas, aussi, le mettre en échec.
Il y a quelque chose de vertigineux dans cette
perspective, quelque chose d’écrasant à songer que chacun de nous, dans cet
immense circuit de la vie, que chacun de nous en est un segment indispensable,
que chacun de nous, un instant, porte toute l’Histoire, tout l’univers, tout le
destin de Dieu.
C’est
cela que l’Avent veut nous inculquer dans cette récapitulation de l’Histoire:
avec Jésus, c’est le monde entier qui est remis entre nos mains, car il est
clair que cette universalité qui embrasse tous les siècles, qui concentre tous
les temps, toutes les générations, dans un seul présent où nous devenons une
offrande d’amour, il est clair que cette universalité serait vaine et se
réduirait à un mot, si elle n’avait pour caution l’intensité de notre amour à
l’égard des hommes d’aujourd’hui, à l’égard de ceux qui nous entourent et qui
doivent être l’objet immédiat de notre sollicitude et de notre attention.
Maurice Zundel, homélie 1954