Saint Augustin |
Nous l’avons entendu, et rien n’est plus manifeste ; nous étions
allés au dehors, et nous avons été renvoyés à l’intérieur. Oh, se dira
quelqu’un, si je trouvais quelque montagne élevée et solitaire ! car je crois
que Dieu habite les endroits élevés, et qu’il m’entend mieux du faîte de ces
hauteurs. Pour être sur une montagne, tu te crois proche de Dieu ; tu te
considères comme plus à portée d’être entendu de lui, vu que tu t’adresses à
lui de plus près. A la vérité, il habite les hauteurs, "mais il regarde
les humbles. Dieu est proche". De qui ? Peut-être de ceux qui sont élevés
? De ceux qui ont brisé
leur coeur (Ps. 33, 19).
Chose merveilleuse ! Il habite
les hauteurs, et il est proche des humbles. Ce qui est humble, il le regarde ; ce qui est élevé, il ne
le connaît que de loin (Ps 137, 6). Les
orgueilleux, il les voit de loin, et ils lui sont d’autant moins proches qu’ils
se jugent plus élevés. Tu cherchais donc une montagne ? Descends pour y
parvenir. Mais veux-tu monter ? Monte, mais sans chercher une montagne. Il a placé dans son coeur les degrés par
lesquels il s’élève (ainsi s’exprime le Psalmiste) au travers de cette vallée de larmes (Ps 83, 6,
7). Toute vallée est basse, c’est dans ton coeur que tout doit se
passer. Que s’il te faut quelque lieu élevé, quelque lieu saint, fais de
toi-même et intérieurement un temple au Seigneur. Car le temple de Dieu est
saint, et vous êtes ce temple (1 Cor 3, 17). Veux-tu prier dans un
temple ? Prie en toi-même ; mais auparavant, sois le temple de Dieu ; car c’est
dans son temple qu’il écoute ceux qui le prient.
Saint Augustin, "homélies sur l'Evangile de Jean"