dimanche 26 janvier 2020

La prière, St Bernard de Clairvaux

 Mais quand je vous parle de la prière, il me semble entendre au fond de votre coeur, certaines réflexions inspirées par la sagesse humaine, que j'ai moi-même entendues, plusieurs fois dans le mien. A quoi tient-il, en effet, que, ne cessant presque jamais de prier, il soit si rare que nous recueillions quelques fruits de la prière ? Il semble que nous nous retrouvons après avoir prié, comme nous étions auparavant. Personne ne nous répond un mot, personne ne nous accorde rien, il semble vraiment que c'est en pure perte que nous prenons la peine de prier. 
Mais qu'est-ce que le Seigneur nous dit dans son Évangile? " Ne jugez point selon l'apparence, mais jugez selon la justice (Jean VII, 24). " Or qu'est-ce que juger selon la justice, si ce n'est juger selon la foi puisque le juste vit de la foi (Abac II, 4). Rapportez-vous-en donc au jugement de la foi, non à ce que vous éprouvez, puisque la foi ne trompe point et que l'expérience nous induit en erreur. Or où trouver la vérité de la foi, sinon dans les promesses du Fils de Dieu lui-même qui nous dit : " Tout ce que vous demanderez dans la prière, croyez que vous le recevrez, et qu'il vous sera fait selon que vous le désirerez, (Matth. XXI, 22).

Par conséquent, qu'aucun de vous , mes frères, ne regarde sa prière comme étant de peu de valeur, attendu que celui que nous prions, je puis vous l'affirmer, est loin d'en faire peu de cas. Elle n'est pas encore tombée de nos lèvres que déjà il l'a fait inscrire dans son livre, et nous pouvons être assurés d'une chose, c'est que s'il ne nous accorde pas ce que nous lui demandons, il nous donnera certainement quelque chose qu'il sait devoir nous être plus utile. Car nous ne savons point ce qu'il faut que nous demandions dans nos prières. Mais il aura pitié de notre ignorance, et, recevant notre prière avec bienveillance, s'il ne nous accorde point ce qui ne peut nous être d'aucun bien, ou ce dont nous n'avons point encore besoin, notre prière n'est point stérile pour cela.
Non, elle ne le sera, point, surtout si nous faisons ce qui nous est recommandé par le Psalmiste, c'est-à-dire si nous mettons nos délices dans le Seigneur. 

vendredi 17 janvier 2020

Ce grand Esprit de feu... St Antoine le Gd

St Antoine le Gd (Enluminure de Bourdichon)

Ce grand Esprit de feu, que j'ai moi-même reçu, recevez-le donc vous aussi ! Et si vous voulez le recevoir pour qu'il habite en vous, présentez d'abord le labeur du corps, l'humilité du cœur, et élevez vers le ciel vos pensées nuit et jour. 
Demandez avec droiture de cœur cet Esprit de Feu et il vous sera donné. Ne doutez pas dans votre cœur. N'ayez pas un cœur double et ne dîtes pas : qui donc pourrait le recevoir ?  Non, mes enfants; ne laissez pas ces pensées envahir votre cœur, mais plutôt demandez un cœur droit et vous l'obtiendrez. 
Moi aussi, votre père, je participe à votre labeur et je prie pour vous afin que vous le receviez, car je sais que vous êtes parfaits et capables de le recevoir. Tous ceux qui se cultivent eux-mêmes de cette culture, l'Esprit leur est donné de génération en génération.
Efforcez-vous de persévérer dans la prière de tout votre cœur et il vous sera donné, car cet Esprit habite les cœurs droits. 
Quand donc vous le recevrez, il vous révèlera tous les mystères d'en-haut et bien d'autres choses que je ne peux exprimer sur le papier avec un calame et de l'encre. Il éloignera de vous la crainte des hommes, des bêtes sauvages, de la famine et de toute autre chose semblable. Une joie céleste s'emparera de vous nuit et jour et, tout en étant encore dans le corps, vous serez comme si vous étiez déjà dans le Royaume. 
Vous ne vous contenterez plus désormais de prier pour vous-mêmes mais vous prierez pour les autres aussi. Quiconque, en effet, reçoit cet Esprit ne doit plus prier pour lui-même mais aussi pour les autres, comme le fit Moïse. Quand il eut reçu cet Esprit, il pria pour le peuple en disant : "Si tu les fais périr, efface mon nom du livre de vie."
Pour moi, ma prière est maintenant, nuit et jour, que vous possédiez la grande jouissance de cet Esprit que tous les saints ont reçu. 
St Antoine, lettre VIII

dimanche 12 janvier 2020

Théophanie... le baptême du Christ.


Celui qui se revêt de lumière comme d'un manteau,
a daigné nous devenir semblable
il se couvre aujourd'hui des flots du Jourdain,
non qu'il ait besoin de se purifier,
mais parce qu'il scelle notre renaissance en sa personne.
Ô prodige ! Il refond sans flamme,
il refaçonne sans broyage
et il sauve ceux qui sont en lui,
le Christ Dieu et Sauveur de nos âmes.
 
Toi qui, dans le feu et l'esprit, purifie le péché du monde,
Jean-Baptiste te vit venir à lui et s'écria dans la crainte et le tremblement
je n'ose toucher ta tête immaculée !
Mais toi, maître, seul ami des hommes, sanctifie-moi par ta théophanie.
 
Evangile arménien (Ph. abbaye En Calcat)
Venez, imitons les vierges sages
venez, allons au-devant du seigneur qui s'est présenté à Jean comme l'époux,
le Jourdain fut stupéfait et il s'arrêta,
Jean s'écria: je n'ose toucher ta tête immortelle
l'Esprit descendit sous forme d’une colombe
et une voix dans le ciel clama :
Celui-ci est mon fils bien aimé venu en ce monde sauver l’humanité

Seigneur, gloire à toi !

Le Christ est baptisé
il sort de l'eau et relève le monde avec lui
il voit ouverts les cieux qu'Adam avait fermés
l'Esprit rend témoignage a la divinité
et une voix retentit dans le  ciel
car c'est de là que venait celui qui recevait ce témoignage,

le Sauveur de nos âmes.

La main de Jean-Baptiste trembla lorsqu’elle toucha ta tête immaculée
le Jourdain retourna en arrière n'osant se mettre à ton service
et comment celui qui avait craint Jésus, pouvait-il ne pas trembler devant son Créateur ?
Mais tu as accomplis tout ce qui avait été fixé, pour sauver le monde par ta théophanie
ô Sauveur, seul ami des hommes.

Missel Franciscain (Ph. Abbaye En Calcat)
Voulant accomplir, Seigneur, ce que tu as établi de toute éternité
tu as pris dans toute la création les artisans de ton incarnation :
Gabriel chez les anges,
la Vierge chez les hommes,
l' étoile dans les cieux,
parmi les eaux, le Jourdain ;
et en lui tu as effacé le péché du monde.

Notre Sauveur, gloire à toi !

Te voyant venir à lui sur les bords du Jourdain
Jean te dit : pourquoi, Seigneur, pourquoi venir vers ton serviteur,
ô Christ toi qui es sans tâche ?
Au nom de qui je te baptiserai ?
Du Père ? Mais tu le portes en toi.
Du Fils ? Mais tu l'es, Incarné.
Du Saint-Esprit ? Mais c'est toi qui le donnes par un souffle de ta bouche
ô Dieu qui nous es apparu, gloire à toi

La mer le vit et s'enfuit : le Jourdain retourna en arrière

Les eaux te virent, Seigneur
les eaux te virent et furent dans la crainte.
Car les chérubins ne peuvent regarder ta gloire ni les séraphins la contempler,
mais t’entourant avec crainte les uns te portent et les autres glorifient ta puissance.
C'est avec eux, ô compatissant, que nous proclamons tes louanges
ô Dieu qui nous es apparu, aie pitié de nous

Qu'as-tu mer à fuir et toi, Jourdain, à retourner en arrière

En ce jour le créateur du ciel et de la terre
s'approche du Jourdain en sa chair
pour demander le baptême, lui le sans-péché
afin de purifier l'univers de la séduction de l'ennemi.
Il est baptisé par un esclave, le maître de toutes choses
et il donne au genre humain d'être purifié par l'eau.
Dieu qui nous es apparu, gloire à toi

Gloire au Père et au Fils et au Saint Esprit
maintenant et toujours et aux siècles des siècles. Amen.

Voyant le soleil sorti de la vierge
demander le baptême dans le Jourdain,
Jean né de la femme stérile
lui cria avec une crainte mêlée de joie
« c'est à toi de me sanctifier, ô maître, par ta sainte Théophanie ».

Texte extrait de l'office des Grandes Complies
de la Théophanie de notre Seigneur Dieu et Sauveur Jésus Christ
Liturgie orthodoxe 


mardi 7 janvier 2020

Epiphanie 2020...



Noël nous a placés devant un événement tout pauvre survenu un jour à Bethléem. L’Epiphanie révèle que cet événement a une dimension universelle et même cosmique. Les mages sont guidés par une étoile et représentent tous les peuples, toutes les cultures.
Aujourd’hui, nous voudrions comprendre comment la lumière du Christ peut illuminer tous les hommes. Pour y parvenir, comme les mages nous devons quitter nos habitudes, certaines de nos croyances, nous quitter nous-mêmes, nous courber et entrer dans l’étable. Toute autre attitude passerait à coté de ce Dieu qui s’est abaissé jusqu’à naître dans un lieu caché.
Arrêtons-nous avec eux. Que notre prière, avant d’être demande, soit, comme la leur, adoration. Quand nous regardons vers la lumière du Christ, elle nous devient peu à peu intérieure et le mystère du Christ devient aussi le mystère de notre vie.
L’esprit d’adoration n’est pas facile dans un monde où l’efficacité immédiate compte tellement, où la seule pensée des longues maturations suscite l’impatience. A l’instar des mages, il y a un chemin à faire pour arriver à nous tenir simplement en présence de Dieu. Dans de longs silences où apparemment rien ne se passe, Dieu est à l’œuvre en nous, sans que nous sachions comment.
Les images de l’Epiphanie montrent les mages adorant l’Enfant. Regardons cet enfant pour comprendre qui est Dieu. Voyons l’extrême humilité de Dieu. Voyons que, comme un enfant pauvre, il vient mendier notre amour ! Et voyons aussi qu’il rend la dignité d’êtres humains à ceux qui l’ont perdue.
Adorer signifie discerner la présence de Dieu. Il est là dans sa Parole (lors du récent synode des évêques à Rome, le caractère « sacramentel » de la Bible a été rappelé). Il est là dans l’eucharistie. Les chrétiens d’Orient savent que les icônes elles aussi introduisent dans une communion avec Dieu. Il est là dans les événements humbles de notre vie. Et l’Evangile insiste : Dieu se laisse trouver chez les plus pauvres.
Adorer signifie nous détourner de nous-mêmes pour regarder vers Dieu. Si nos soucis prennent toute la place, comment désensabler la source de vie que Dieu a déposée en nous ?
Frère Alois (Taizé)