dimanche 1 décembre 2019

Vigilance... Grégoire de Nysse


Le Seigneur a fait à ses disciples de grandes recommandations pour que leur esprit secoue comme une poussière tout ce qui est terrestre dans la nature et s'élève ainsi au désir des réalités surnaturelles ; selon l'une de ces recommandations, ceux qui se tournent vers la vie d'en haut doivent être plus forts que le sommeil et garder toujours leur esprit vigilant... Je parle de cet assoupissement suscité chez ceux qui sont enfoncés dans le mensonge de la vie par ces rêves illusoires que sont les honneurs, les richesses, le pouvoir, le faste, la fascination des plaisirs, l'ambition, la soif de jouissance, la vanité et tout ce que l'imagination entraîne les hommes superficiels à poursuivre follement. Toutes ces choses s'écoulent avec la nature éphémère du temps ; elles sont du domaine du paraître... ; à peine ont-elles paru exister, elles disparaissent à la façon de vagues sur la mer...

C'est pour que notre esprit soit dégagé de ces illusions que le Verbe nous invite à secouer des yeux de nos âmes ce sommeil profond, afin que nous ne glissions pas loin des réalités véritables en nous attachant à ce qui n'a pas de consistance. C'est pourquoi il nous propose la vigilance, en nous disant : "Tenez vos reins ceints et vos lampes allumées" (Lc 12,35). Car la lumière, en brillant devant les yeux, chasse le sommeil, et les reins serrés par la ceinture empêchent le corps d'y succomber... Celui qui est ceint par la tempérance vit dans la lumière d'une conscience pure ; la confiance filiale illumine sa vie comme une lampe... Si nous vivons comme cela, nous entrerons dans une vie semblable à celle des anges. » 
Saint Grégoire de Nysse "La colombe et la Ténèbre, 
11ème homélie sur le Cantique des cantiques


vendredi 15 novembre 2019

L'amitié avec Jésus...

"Les pèlerins d'Emmaüs" Rembrandt.


L’amitié avec Jésus est indéfectible. Il ne s’en va jamais, même si parfois il semble être silencieux. Quand nous en avons besoin, il se laisse rencontrer par nous  et il est à nos côtés, où que nous allions . Car il ne rompt jamais une alliance. Il demande que nous ne l’abandonnions pas: «Demeurez en moi » . Mais si nous nous éloignons, «il reste fidèle, car il ne peut se renier lui-même » .
Pape François "Christus vivit"

vendredi 1 novembre 2019

Greffés sur le Christ...


Lors de la prière de l’Angélus, vendredi 1er novembre, fête de la Toussaint, le pape a tenu à rappeler la dimension profondément humaine des saints de l’Église catholique. Un thème cher à François, qui, depuis le début de son pontificat, promeut une vision humble et simple de la sainteté comme fruit d’une recherche inlassable de Dieu, loin de l’image d’un héroïsme inatteignable.
 
«Les saints de tous les temps, que nous célébrons tous ensemble aujourdhui, ne sont pas simplement des symboles, des êtres humains distants et inaccessibles. Au contraire, ce sont des gens qui ont vécu les pieds sur terre, ils ont fait l’expérience du labeur quotidien de l’existence avec ses succès et ses échecs, trouvant dans le Seigneur la force de ressusciter encore et encore et de continuer sur le chemin».

«En regardant leur vie, nous sommes encouragés à les imiter. Parmi eux, il y a beaucoup de témoins d’une sainteté d’à côté, de ceux qui vivent près de nous et qui sont le reflet de la présence de Dieu dans la mesure où la sainteté est une réponse de l’homme à un appel mais aussi un don. La sainteté est un but qui ne peut être atteint seulement par ses propres forces, mais qui est le fruit de la grâce de Dieu et de notre libre réponse à celle-ci».

«Dans cette perspective, il est important de prendre un engagement sérieux et quotidien à la sanctification dans les devoirs et les circonstances de notre vie, en essayant de vivre tout avec amour, avec charité : il s’agit de mûrir toujours plus la conscience que nous sommes greffés sur le Christ, comme le sarment est uni à la vigne, et donc nous pouvons et devons vivre avec Lui et en Lui comme enfants de Dieu».
Héloïse de Neuville, pour le journal La Croix


dimanche 20 octobre 2019

Ton désir, c'est ta prière... P. Charles Delhez



Oh là là ! Quelle question, frères et sœurs ! Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre? Question essentielle pour nous, croyants. Entretenons-nous la foi en nous ? La foi qui est désir de Dieu, qui est espérance en Dieu. 

Père jean Marie Vianney (par Cabuchet)
Cette foi s’exprime notamment par la prière, une prière persévérante qui attend tout de Dieu comme cette veuve qui espérait tout de son juge, inique pourtant ? Il s’agit bien sûr d’une parabole. Dieu n’est pas inique. Si déjà le juge lui rend justice, à plus forte raison, Dieu qui lui, nous aime… Certaines paraboles procèdent par un a contrario. Alors que vous auriez répondu par la violence, Dieu lui répondra par le pardon. D’autres encore sont une comparaison prise dans la nature ou dans la vie quotidienne des humains… Ici, il s’agit d’un a fortiori…

Ton désir, c’est ta prière

Revenons à la femme. Elle est habitée par un désir fou : que justice lui soit faite, qu’elle soit rétablie dans son bon droit, son intégrité. La prière est essentiellement désir. Écoutez donc cette réflexion de saint Augustin : « Ton désir, voilà ta prière. Si ton désir est continuel, continuelle est ta prière. Est-ce que nous sommes sans cesse à fléchir le genou, à prosterner notre corps, à lever nos mains parce que saint Paul a dit “priez sans cesse”? 
Si nous prétendons que c’est là notre manière de prier, j’imagine que nous ne pourrons la soutenir sans interruption. Mais il y a une autre prière, celle-là ininterrompue : le désir. Si tu ne veux pas cesser de prier, ne cesse pas de désirer : ton désir continuel, c’est chez toi comme une voix continuelle. » La prière est donc l’expression de mon désir. Mais ce désir mérite-t-il d’être adressé à Dieu ? Il ne faudrait pas que ce ne soient que des caprices, comme parfois ceux des enfants sciants. De guerre lasse, leurs parents finissent par y répondre, pour avoir la paix. 
Il est important de nous poser la question de la valeur de notre désir. Que désirons-nous, finalement ? Le mal ou le bien ? Quelle est l’orientation de notre vie ? Le monde est un perpétuel combat entre le bien et le mal. Dans quel camp nous situons-nous ? Pour faire allusion à la première lecture, il s’agit de passer au fil de l’épée tous nos démons, toutes nos connivences avec le mal. Est-ce bien là notre désir ? 
Ce désir, nous savons à qui nous l’adressons : non pas à un juge inique, mais au Dieu plein de bonté qui nous a créés pour notre bonheur, en vue de notre plein épanouissement. Pourrait-il être sourd à ce désir qu’il a mis lui-même en l’homme ? Croyons-nous que Dieu est bien celui qui est passionné de nous, celui qui, à la différence de nos titres et diplômes, de nos richesses et nos succès, peut nous permettre de nous accomplir dans toutes nos dimensions et répondre à nos désirs les plus vrais ? Avons-nous foi en son amour ? Le Fils de l’homme trouvera-t-il cette foi-là sur la terre ? Finalement, Dieu exauce-t-il chacune de nos prières ? Oui, mais pas nécessairement de la façon que nous attendions. Quand il pleut, l’eau pénètre la terre. 
Je sais qu’elle va faire son chemin sous terre et rejaillir quelque part en source, en un lieu que peut-être j’ignore. Ainsi nos prières. Elles pénètrent le cœur de Dieu et Dieu y répond toujours. Mais parfois de manière étonnante.
  
Le désir de Dieu
St curé d'Ars
La prière n’est pas que demande. Elle est aussi louange, action de grâce, relecture de notre vie sous le regard de Dieu. Elle est peut-être surtout écoute de Dieu. 
Saint Paul invite Timothée à se mettre à l’école des Saintes Écritures. Dans celles-ci, Dieu exprime son désir, si bien résumé dès les premières lignes de la Bible : Dieu vit que cela était bon. Cette exclamation ne sera réalisée qu’à la fin des temps, car le Créateur ne veut pas réussir son projet sans notre collaboration.  
Il y a des années, je donnais une retraite à des jeunes. L’une d’entre elle confia quelle avait cessé de croire en Dieu parce qu’elle ne voulait pas être une mendiante. Je lui ai alors raconté cette parabole du poète hindou Tagore. Il s’agit d’un mendiant, justement. 
Après une journée de mendicité, sur le chemin du retour, il aperçut au loin un chariot d’or. C’était celui du roi. C’en est fini des mauvais jours, pensa-t-il. Il tendit la main, le chariot s’arrêta, le roi en descendit tout souriant. Il lui tendit la main droite et dit : « Qu’as-tu à me donner ? » Il insistait. Quel humour ! Confus, le mendiant finit par tirer de sa besace un tout petit grain de blé récolté ce jour-là et le lui donna. Le soir, vidant son sac, il trouva un tout petit grain d’or parmi le tas de pauvres grains. « Ah ! si j’avais eu le cœur de te donner mon tout ! » 
La jeune fille fut profondément touchée. Dieu avait besoin d’elle !  
Frères et sœurs, et si Dieu avait quelque chose à nous demander ? 
Si la prière, c’était la rencontre de deux désirs, le mien sans doute, mais aussi le sien ? 
Finalement, qui croyez-vous qui est le plus impatient. Nous ? Ne serait-ce pas Dieu lui-même, désireux que son règne, un règne d’amour et de justice, advienne sans tarder ?  

Quand je demande quelque chose à Dieu, il a toujours lui aussi quelque chose à demander. En réalité, c’est lui qui attend. La patience se trouve de son côté.  Amen.

P. Charles Delhez
Homélie de la messe du 20 octobre 2019 à Louvain-la-Neuve (Belgique)