Voilà
la règle du christianisme dans toute sa perfection, voilà la définition la plus
exacte, la cime la plus haute, rechercher l'intérêt de tous. Ce que l'apôtre
déclare en ajoutant : "comme je le suis moi-même du Christ". En effet
rien ne peut nous rendre des imitateurs du Christ comme notre zèle pour le bien
du prochain. Vous aurez beau jeûner, coucher par terre, vous étrangler, si vous
n'avez pas un regard pour votre prochain, vous n'avez rien fait de grand, et
quoi que vous ayez pu faire, vous demeurez encore bien loin de ce modèle...
c'est qu'il ne peut pas être de vertu parfaite, si l'on ne recherche pas
l'utilité d'autrui ; et c'est ce qui résulte de l'histoire de celui qui
rapporta le talent intact et fut livré au supplice, parce qu'il ne l'avait pas
fait fructifier. Toi donc, mon frère, même si tu t'abstiens de nourriture, que
tu couches par terre, que tu manges de la cendre et ne cesses de gémir, si tu
es inutile au prochain, tu n'as rien fait de grand. C'était là en effet
autrefois la première préoccupation des hommes grands et généreux. Considérez
attentivement leur vie, et vous verrez clairement qu'aucun d'eux ne considérait
son intérêt propre, que chacun d'eux au contraire ne voyait que l'intérêt du
prochain : ce qui a rehaussé leur gloire.
St Jean Chrysostome
Homélies sur la 1ère épître aux Corinthiens,