Soir froid, tout en glace retenue…
Tout à l'heure, une célébration de silence, une action de grâce pleine et
douce, au creux de l'oratoire. Des mots, bien sûr, paroles offertes, de celles
qui habitent le silence et l'épousent sans trouble…
C'est un temps de Noël, tout en tendresse. Les bougies inventent sur les
murs chaulés d'improbables crèches que la chaleur du poêle fait danser, tout
est enclos d'amour, les mains se joignent et prient, le mystère s'accomplit
encore une fois dans le pain et le vin…
Et le silence dévoile l'offrande : un enfant nouveau-né, une femme rit et
baise les petits pieds nus… instant de joie pure… et toutes les femmes du monde
jouent avec les petits pieds doux comme des pattes de chat, les baisent et
rient, et rient tous les enfants du monde dans les yeux de l'Enfant… instant de
joie !
Et le silence ploie au pied du Fils dans une femme en pleurs, pleurs de
pure joie, et les cheveux de soie, les cheveux de laine, toutes les femmes du
monde lavent la poussière, baignent de larmes claires les plaies écrites, déjà,
qu'elles seules voient… pleurs de pure joie sous le voile de laine… pleurs de
pure douleur déjà, "une épée te transpercera l'âme", déjà.
Et le silence s'émerveille : assise aux pieds du Fils, une femme attentive.
Elle a tout laissé, même son désir de le servir. Elle écoute son silence, elle
écoute sa voix, elle écoute ses gestes. Eternité de joie… Et toutes les femmes
du monde veillent devant la Vie, l'écoutent, la reçoivent dans leurs mains,
dans leur ventre, puis la donnent… et doucement, silencieusement, aiment.
Eternité de joie.
M. F. "Noël 2011"