dimanche 6 janvier 2019

Epiphanie, l'espérance...

Après que l'étoile eut guidé les rois mages jusqu'à la crèche, le concierge du ciel se demanda :
« Que faire de cette nouvelle étoile ? Où la placer ? »
Il sillonna le ciel, fit le tour des constellations et demanda aux myriades d'étoiles si elles ne pouvaient pas se serrer un peu, laisser un peu d'espace, faire une petite place à cette nouvelle venue...
« Il n'en est pas question, répondirent-elles, nous sommes installées dans cet ordre depuis toujours, il est impossible de changer notre ordonnance ! »
Du côté de la Voie Lactée, même réponse de la Grande Ourse : » Pas de place! »
« Que faire ? », se demanda-t-il. » Cette étoile a un destin particulier, elle a guidé les mages jusqu'au Sauveur du monde. Elle a obéi à des lois particulières. Elle est très proche de la Terre... Elle est très proche de la Terre : mais oui, la voilà la solution ! Je vais la donner au monde. »
Alors, il alla dans son atelier, et là, il cassa l'étoile en mille morceaux, en mille éclats dont il remplit son tablier. Il sortit et, comme le semeur, à la volée, il lança les éclats d'étoile partout sur la Terre.
Mais ils n'allèrent pas n'importe où : certains se logèrent dans les chambres des hôpitaux et devinrent les veilleuses dont les malades ont tant besoin pour ne pas être angoissés la nuit. D'autres descendirent au fond des mines, là où les mineurs de fond ont besoin d'être guidés par une lampe frontale. D'autres encore se placèrent comme fanaux sur les barques, dans les phares sur la mer, pour éviter aux embarcations de s'échouer sur les rochers. Enfin, le plus grand nombre vint habiter le cœur des hommes.
Chacun de nous a reçu un éclat de l'étoile de Noël. À nous de le faire briller, de raviver sans cesse cet éclat de lumière dans notre cœur.
Conte paru dans la presse paroissiale du diocèse d'Annecy

vendredi 28 décembre 2018

Noël... Toutes les femmes du monde.


Soir froid, tout en glace retenue…
Tout à l'heure, une célébration de silence, une action de grâce pleine et douce, au creux de l'oratoire. Des mots, bien sûr, paroles offertes, de celles qui habitent le silence et l'épousent sans trouble…
C'est un temps de Noël, tout en tendresse. Les bougies inventent sur les murs chaulés d'improbables crèches que la chaleur du poêle fait danser, tout est enclos d'amour, les mains se joignent et prient, le mystère s'accomplit encore une fois dans le pain et le vin…

Et le silence dévoile l'offrande : un enfant nouveau-né, une femme rit et baise les petits pieds nus… instant de joie pure… et toutes les femmes du monde jouent avec les petits pieds doux comme des pattes de chat, les baisent et rient, et rient tous les enfants du monde dans les yeux de l'Enfant… instant de joie !

Et le silence ploie au pied du Fils dans une femme en pleurs, pleurs de pure joie, et les cheveux de soie, les cheveux de laine, toutes les femmes du monde lavent la poussière, baignent de larmes claires les plaies écrites, déjà, qu'elles seules voient… pleurs de pure joie sous le voile de laine… pleurs de pure douleur déjà, "une épée te transpercera l'âme", déjà.

Et le silence s'émerveille : assise aux pieds du Fils, une femme attentive. Elle a tout laissé, même son désir de le servir. Elle écoute son silence, elle écoute sa voix, elle écoute ses gestes. Eternité de joie… Et toutes les femmes du monde veillent devant la Vie, l'écoutent, la reçoivent dans leurs mains, dans leur ventre, puis la donnent… et doucement, silencieusement, aiment.

Eternité de joie.

M. F. "Noël 2011"

lundi 24 décembre 2018

Nuit de Noël... M. Zundel



La nuit de Noël, Dieu vient naître parmi nous, Dieu cherche à naître en nous. Il se peut que le grand problème de notre vie ne soit pas tellement de vivre, mais finalement de naître ! Car, nous ne sommes pas l’homme que nous paraissons être : célèbre ou inconnu, riche ou démuni, habile ou maladroit…. Tout cela c’est l’apparence des choses.
Nous sommes un homme qui cherche à naître.

Si tu sais en toi cette pulsation merveilleuse qui te porte à ne pas être aujourd’hui ce que tu étais hier, tu es en train de naître.
Si tu te sens aujourd’hui capable d’un amour tout neuf que tu n’espérais pas hier, tu es en train de naître.
Si tu te fais aujourd’hui tout-petit devant Jésus, pour te laisser conduire dans sa Lumière, tu es en train de naître.
Sois sûr que la plus grande chose de la vie ce n’est pas de vivre, c’est de naître constamment pour ne pas être vieux.

Puisses-tu garder de cette nuit la saveur d’une rencontre : la confiante et humble certitude que tu es appelé indéfiniment à être et tout autant, appelé à faire naître les autres.
Et voici qu’inlassablement, Noël après Noël, jour après jour, Dieu frappe à ta porte et demande à naître en toi !
Maurice Zundel textes inédits.