"Après la mort d’Hérode, voici que l’ange du
Seigneur apparaît en songe à Joseph en Égypte
Et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant
et sa mère, et pars pour le pays d’Israël, car ils sont morts, ceux qui en
voulaient à la vie de l’enfant. »
Joseph se leva, prit l’enfant et sa mère,
et il entra dans le pays d’Israël.
Mais, apprenant qu’Arkélaüs régnait sur la
Judée à la place de son père Hérode, il eut peur de s’y rendre. Averti en
songe, il se retira dans la région de Galilée
et vint habiter dans une ville appelée
Nazareth, pour que soit accomplie la parole dite par les prophètes : Il sera
appelé Nazaréen." (Matthieu 2, 19-23)
Dieu dans sa fuite…
Tel père tel fils ? La violence de l’un se
perpétue dans la violence de l’autre. C’est souvent ainsi dans les successions
des tyrans. Un nouvel Hérode règne sur la Judée et cela fait craindre à Joseph
les mêmes horreurs que celles commises par son père. Il faut donc se mettre à
l’abri. Il y a un motif qui doit nous interroger ici. C’est celui de la fuite.
C’est la deuxième fois que le Messie, le Sauveur, qui plus est Fils du Dieu
tout-puissant, prend la tangente. Son Père ne peut-il affronter le danger,
envoyer ses anges* et défaire l’ennemi, plutôt que de le fuir ?
Dans nos sociétés, le courage est extrêmement
valorisé. Nous avons le culte des héros qui vont à la guerre pleins de bravoure
et qui dépassent leur peur pour faire « gagner le bien ». Mais Dieu choisit un
autre chemin. Celui de l’évitement.
Ce n’est pas lâcheté, pourtant. Mais se
battre, blesser, faire mourir ses adversaires, c’est toujours faire mal. Et
Dieu ne peut avoir aucune part au mal. En Dieu, il n’y a pas de légitime
défense, et c’est d’ailleurs ce qui expliquera, à l’autre bout de la vie de
Jésus, le scandale de la croix. Au cours de son procès, Jésus se tait, il ne se
rebelle pas, il ne répondra pas au mal qui le frappe, il ne participera pas à
la violence.
Certains voudraient nous faire croire que Dieu
est dans les croisades, dans les combats, ce sont des menteurs. Dieu passe son
chemin, il fait un écart, il ne veut blesser personne. Jésus l’enseignera tout
au long de sa prédication : les ennemis sont faits pour qu’on les aime.
*Évangile de St Matthieu ch 26, v 53.
Frère Jocelyn Dorvault
Couvent du Caire