« Une voix du ciel retentit et s’adressa à moi en ces termes : Que les hommes accèdent à la connaissance de leur Créateur, qu’enfin ils consentent à l’adorer dignement et à le vénérer ! Rédige donc cet écrit : non point comme le désirerait ton cœur, mais comme le veut mon témoignage, témoignage de Celui dont la vie n’a ni commencement ni terme ! Je n’ai pas inventé cette vision, aucun homme non plus ne l’a imaginée. C’est Moi qui ai décidé de tout, avant le début du monde. Je connaissais l’homme par avance, avant même que je ne le créasse. De même je prévoyais tout ce qui lui faisait défaut (…). »
« J’étais aidée dans ma rédaction par la confiance et par le
témoignage de celui que j’avais en secret cherché lors de mes précédentes
visions, que j’avais fini par trouver, Volmar, et par la confiance de cette
jeune Richardis (…). »
« C’est moi l’énergie suprême, l’énergie ignée. C’est moi qui ai enflammé
chaque étincelle de vie. Rien de mortel en moi ne fuse. De toute réalité je
décide. Mes ailes supérieures enrobent le cercle terrestre, dans la sagesse je
suis l'ordonnatrice universelle. Vie ignée de l'essentialité puisque Dieu est
intelligence, comment pouvait-il ne pas œuvrer ? »
« Par l'homme, il assure l'épanouissement de toutes ses œuvres. L'homme
en effet, il le créa à son image et à sa ressemblance, en lui, il inscrivit,
avec fermeté et mesure, la totalité des créatures. De toute éternité, la
création de cette œuvre — la création de l'homme — était prévue en son conseil.
Une fois ladite œuvre achevée, il remit donc entre les mains de l'homme l'intégralité
de la création : afin que l'homme pût agir avec elle, de la même manière que
Dieu avait façonné son œuvre, l'homme. Ainsi donc, je suis serviteur et
soutien. »
« Par moi en effet, toute vie s'enflamme. Sans origine, sans terme, je
suis cette vie qui, identique, persiste, éternelle. Cette vie, c'est Dieu. Elle
est perpétuel mouvement, perpétuelle opération, et son unité se montre en une
triple énergie. L'éternité, c'est le Père. Le Verbe, c'est le Fils, le souffle
qui relie les deux, c'est l'Esprit saint. Dieu l'a représenté dans l'homme :
l'homme en effet a un corps, une âme et une intelligence. »
Hildegarde von Bingen, "Livre des oeuvres
divines, première vision"