Saint Grégoire de Naziance |
« Frères et bien-aimés, ne
soyons pas les mauvais économes des biens que l'on nous a confiés (Lc 12,
41-48), si nous ne voulons pas entendre gronder la voix de Pierre : « Rougissez, vous qui retenez le
bien d'autrui. Imitez l'équité de Dieu et il n'y aura plus de pauvres » (1
P 4, 10). Ne nous tuons pas à amasser de l'argent quand nos frères meurent de
faim, pour ne point nous exposer à de sévères remontrances, comme aux paroles
du divin Amos : « Prenez garde, vous qui
dites : Quand le mois sera-t-il passé afin que nous vendions, et le sabbat écoulé, pour que nous ouvrions nos
dépôts ? » (Am 8, 5). Et il menace encore de la colère de Dieu les
marchands qui truquent leurs balances.
Imitons cette loi sublime et première d'un Dieu
« qui laisse tomber sa pluie sur les justes et sur les méchants et fait
lever son soleil sur tous les hommes sans distinction » (Mt 5, 45). Aux
créatures qui vivent sur terre, il octroie d'immenses espaces, des sources, des
fleuves, des forêts. Pour les espèces ailées, il crée l'air et l'eau pour la
faune aquatique. Il fournit en abondance pour chacun sa première subsistance.
Et ses dons ne tombent pas aux mains des forts, ni ne sont mesurés par une loi,
ni partagés entre des États. Tout est commun, tout est en abondance.
Il ne donne rien qui ne soit grand. Ainsi
honore-t-il l'égalité naturelle, par l'égal partage de ses grâces; ainsi
révèle-t-il l'éclat de sa munificence. »
Discours 14 sur l'amour des pauvres, St Grégoire de Naziance