Théophane le Grec, transfiguration |
Que
signifie : « il fut transfiguré » ?
demande le théologien saint Jean Chrysostome. Il laissa entrevoir, comme il le
jugea bon, un peu de sa divinité et il montra aux initiés Dieu habitant en lui.
En effet, « tandis qu’il priait, son
aspect devint différent », comme dit Luc, « brillant comme le soleil », comme l’écrit Matthieu. Il dit :
« comme le soleil », non
pour que quelqu’un imagine que cette lumière soit sensible, (loin de nous l’aveuglement
d’esprit de ceux qui ne peuvent rien imaginer de plus élevé que ce qui apparaît aux sens !) mais
pour que nous comprenions ceci : ce qu’est le soleil pour ceux qui vivent
selon les sens et qui voient par les sens, cela, le Christ l’est en tant que
Dieu pour ceux qui vivent selon l’Esprit et voient dans l’Esprit. Et il n’est
pas besoin, pour ceux qui sont semblables à Dieu, d’une autre lumière dans la
vision divine ; car pour ceux qui sont dans l’éternité, Il est lui-même
lumière, Lui, et non une autre lumière. Quel besoin y aurait-il en effet d’une
seconde lumière pour ceux qui ont la plus élevée ?
Or « tandis qu’il priait, il resplendit ainsi »
et révéla cette lumière mystérieuse à ceux des disciples qu’il avait choisis,
en présence des prophètes les plus éminents, afin de montrer que c’est la
prière qui procure cette bienheureuse contemplation, et pour que nous
apprenions que c’est en étant proche de Dieu par la vertu et uni avec lui par
l’Esprit que l’on obtient la manifestation de cet éclat. Celui-ci s’offre aux
regards de tous ceux qui tendent sans cesse vers Dieu, grâce à l’exacte
pratique des bonnes œuvres et à une prière sincère. « Seul, dit en effet saint Jean Chrysostome, celui dont l’esprit a été purifié peut contempler la beauté véritable
et très désirable, celle qui entoure la divine et bienheureuse nature ».
Celui qui fixe du regard ses rayons et ses grâces participe à elle dans une
certaine mesure, en se servant de son brillant éclat pour la contempler
elle-même…
C’est
pourquoi le visage de Moïse fut aussi glorifié tandis qu’il s’entretenait avec
Dieu. […….]
Notre
Seigneur Jésus-Christ avait en lui-même cette splendeur ; c’est pourquoi
il n’avait pas lui-même besoin de prier pour faire resplendir son corps de la
lumière divine, mais il indique par quel moyen serait offerte aux saints la
splendeur de Dieu et comment ils la verraient. En effet, « les justes resplendiront comme le soleil
dans le royaume de leur Père »...
Grégoire Palamas "Homélie sur la Transfiguration du Seigneur"