lundi 10 avril 2017

Prière de Nicolas Cabasilas (XIVème siècle)

Prière de Nicolas Cabasilas à notre Seigneur Jésus Christ, Fils unique et Verbe de Dieu.




Nous Te chantons, à Toi notre louange !
Nous Te glorifions et nous te rendons grâces,
Seigneur, ô Père des miséricordes,
Jésus Christ, notre Dieu !
Car Tu nous as comblés de bienfaits et tu nous traites, à tout moment,
Avec une particulière bonté et une tendresse toute personnelle.
C’est Toi qui nous as créés et sur nous tu as posé ta main.
Tu as joint ton image à notre argile.
Selon ta mystérieuse Sagesse,
Tu nous avais accordé une vie sans souffrance dans un Paradis de délices.
Par notre fidélité à ta volonté,
Tu nous menais comme par la main vers la vie meilleure et le complet bonheur.
Puis nous avons été trompés par le Mauvais
Et nous avons transgressé ce que tu ordonnais.
Nous avons fui la vie et la béatitude qui sont en toi.
Nous avons abandonné ces biens que nous serrions alors entre nos mains
Et nous avons méprisé les biens à venir.
Ainsi nous sommes devenus esclaves de la corruption et du péché.
Là encore, dans notre perdition volontaire, tu nous as regardés avec tendresse et sans mépris.
Après avoir eu recours à de nombreux remèdes,
C’est toi-même à la fin, qui t’es donné pour guérir nos infirmités.
De ta gloire, Tu n’as pas vidé le ciel en rejoignant notre extrême humiliation
Tu as revêtu notre nature déchue et tu es devenu pour nous Résurrection,
Renaissance, délivrance et vie.
Par ta chair, Tu purifies notre chair,
Par ton âme, Tu sanctifies notre âme,
Par ta mort, Tu détruis notre mort,
Et ta sépulture implante même ton incorruptibilité dans notre corruption.
Tu nous dégages de nos liens, Tu nous ressuscites de la mort et tu nous arraches au péché.
Mieux encore : grâce à toi nous devenons enfants de Dieu et Tu fais de nous des frères.
Avec ceux qui ont affectionné ton indicible tendresse,
Avec ceux qui sont demeurés en communion avec Toi,
Avec ceux qui ont gardé tes commandements,
Avec ceux qui ont vécu en ton amour, avec tous,
Tu T’es uni Toi-même comme la tête aux membres;
Tu es devenu un seul esprit avec eux.
Tu t’es coulé en leur âme et en leur corps, et Tu T’es mêlé à eux.
Non seulement de leur vivant, mais aussi après leur mort,
Tu ne quittes pas leurs cadavres.
Même leurs cendres et leurs ossements sont saturés de tes grâces,
Comme en la mort admirable et vivifiante ta divinité est restée inséparable de ton corps immaculé
Alors que ton âme l’avait quitté.
Toi cependant, coéternel au Père, tu demeurais toujours en son sein.
Ta divinité accompagnait ton âme aux enfers et ton corps dans le sépulcre.
Ainsi en est-il pour les corps de tes saints ;
Disjoints de leur âme, ils n’ont point été séparés de Toi.
Leur corps à l’écart de leur âme, continue cependant de t’abriter en eux, Toi la vie véritable.
Leurs âmes se blottissent entre tes mains tandis que tu habites en leur corps.
Même après leur mort, ils n’ont rien perdu des dons de l’Esprit
Et de tout le dynamisme que Tu leur avais accordé de leur vivant.
Leur active intercession prouve qu’ils vivent encore.
Ainsi confirment-ils la constante parole que Tu as proclamée :
« Qui croit en moi ne verra jamais la mort » Jn 6 40-47, 8 51, 11 25-26)
S’ils ont l’aspect de la cendre et de la glèbe,
Ils dominent cependant notre terre et le monde visible.
En effet, bien qu’issus de cette terre, ils Te sont unis, à Toi, le Maître des cieux.
Leur image terrestre s’est effacée, mais ils portent et gardent toujours ton image, ô Toi, le Très-Haut !
Aussi convient-il qu’on les dépose dans les trésors du ciel.
C’est ta tendresse pour nous qui les laisse encore enfouis aux profondeurs de la terre.
Ne sont-ils pas les bienfaiteurs des habitants de notre monde ?
Ils nous guérissent aussi de nos maladies,
Et par eux nous sommes entraînés à T’aimer.
Pour tout cela, nous te rendons grâce.
Nous te supplions, Toi qui nous aimes passionnément,
Laisse-Toi toucher par leurs efforts et leurs fatigues !
Massacrés, ils ont versé leur sang pour ton Nom.
Jusqu’où ils t’aimaient, ils T’en ont donné la preuve,
Plus que leurs parents, plus que leurs enfants et plus que tout au monde.
Plus que leur âme singulière ils ont désiré ta gloire.
Tourne ton regard vers ton peuple, ton héritage.
Accorde la paix à ta nation, rends sainte ton Église et revêts tes prêtres de justice.
Donne ton discernement à ceux qui nous gouvernent.
Libère-nous des conflits civils et arrête la tempête qui nous emporte.
Fais cesser les guerres -qu’elles soient nationales ou locales- ce sont les démons qui les attisent en nous.
Viens au secours de tous ceux qui invoquent ton Nom.
Dans la vie à venir, assemble-nous avec ceux qui t’ont aimé
Et que nous héritions avec eux de ton Royaume.
Par l’intercession de notre Souveraine immaculée la Mère de Dieu,
Du vénérable et glorieux prophète Jean-Baptiste et de tes saints Apôtres admirables et glorieux
Et des saints de partout et de tous les temps qui t’ont été agréables.
Amen !






dimanche 9 avril 2017

Rameaux... Comptine du buis béni !



Un petit rameau…
A quoi cela sert?
Ce n’est pas très beau
Et si ordinaire!
Alors, le rameau
Ouvrit grand ses branches
Et en quelques mots
Me dit ce dimanche:
«Je ne suis que buis
Mais un buis béni,
Promesse de vie
Pour tous ceux qui prient.
Dans votre demeure,
Je serai repère
De Jésus Sauveur
Et de Dieu son Père…»
Ce petit rameau
Savait bien parler…
Chacun de ses mots
A su me toucher.
Aussi, je l’ai pris
Et je l’ai gardé,
Sur table de nuit,
Je l’ai déposé.
A chaque sommeil,
Moi, je le regarde…
Je sais qu’il me veille
Et que Dieu me garde.
"L'instant des mots"

dimanche 2 avril 2017

Carême : Le respect...

Rembrandt
Jamais homme n'a respecté les autres comme cet homme.



Pour lui, l'autre est toujours plus et mieux que ce à quoi les idées reçues, même des sages et des docteurs de la Loi, tendent à le réduire.

Il voit toujours en celui ou celle qu'il rencontre un lieu d'espérance, une promesse vivante, un extraordinaire possible, un être appelé, par delà ses limites, ses péchés, et parfois ses crimes, à un avenir tout neuf.

Il lui arrive même d'y discerner quelque merveille secrète dont la contemplation le plonge dans l'action de grâce !

Il ne dit pas : "Cette femme est volage, légère, sotte, elle est marquée par l'atavisme moral et religieux de son milieu, ce n'est qu'une femme". Il lui demande un verre d'eau et il engage la conversation.

Il ne dit pas : "Voilà une pécheresse publique, une prostituée à tout jamais enlise dans son vice". Il dit: "Elle a plus de chance pour le Royaume des Cieux que ceux qui tiennent à leurs richesses ou se drapent dans leurs vertus et leur savoir".

Il ne dit pas : "Celle-ci n'est qu'une adultère". Il dit : "Je ne te condamne pas. Va et ne pèche plus".

Il ne dit pas : "Cette vieille qui met son obole ans le tronc sur les œuvres du Temple est une superstitieuse". Il dit qu'elle est extraordinaire et qu'on ferait bien d'imiter son désintéressement.

Il ne dit pas : "Ces enfants ne sont que des gosses". Il dit : "Laissez-les venir à moi, et tâchez de leur ressembler".

Il ne dit pas : "Cet homme n'est qu'un fonctionnaire véreux qui s'enrichit en flattant le pouvoir et en saignant les pauvres". Il s'invite à sa table et assure que sa maison a reçu le salut.

Il ne dit pas, comme son entourage : "Cet aveugle paie sûrement ses fautes ou celles de ses ancêtres". Il dit que l'on se trompe à son sujet et il stupéfie en montrant avec éclat combien cet homme jouit de la faveur de Dieu : "Il faut que l'action de Dieu soit manifestée en lui".

Il ne dit pas : "Le centurion n'est qu'un occupant". Il dit : "Je n'ai jamais vu pareille foi en Israël".

Il ne dit pas : "Ce savant n'est qu'un intellectuel". Il lui ouvre la voie vers la renaissance spirituelle.

Il ne dit pas : "Cet individu est un hors-la-loi". Il lui dit : "Aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis".

Il ne dit pas : "Ce Judas ne sera jamais qu'un traître". Il accepte son baiser et lui dit : "Mon ami".

Jésus n'a jamais dit : "Il n'y a rien de bon dans celui-ci, dans celle-là, dans ce milieu-ci…". De nos jours, il n'aurait jamais dit : "Ce n'est qu'un intégriste, un moderniste, un gauchiste, un fasciste, un mécréant, un bigot". Pour lui, les autres, quels qu'ils soient, quels que soient leur statut, leur réputation, sont toujours des êtres aimés de Dieu. Jamais homme n'a respecté les autres comme cet homme. Il est unique. Il est le Fils unique, de celui qui fait briller le soleil sur les bons et sur les méchants.

Seigneur Jésus, fils de Dieu, aie pitié de nous, pécheurs !

Mgr Albert Decourtray

Rembrant

dimanche 26 mars 2017

Carême : méditation sur la prière...

Dieu a dit par le prophète : «Ceci est mon repos : faites reposer ceux qui sont accablés (Is. 28, 12)».
Fais donc le repos de Dieu, ô homme, et tu n'auras pas besoin du «pardonne-moi». Fais reposer les accablés, visite les malades, occupe-toi des pauvres, et cela est prière. Et je t'assure. mon ami, chaque fois qu'un homme fait ainsi le repos de Dieu, cela est prière. 
[...]
Sois donc attentif, mon ami : s'il se présente à toi quelque chose d'agréable à Dieu ne dis pas : «C'est le temps de la prière. Je vais prier, et je ferai cela après». En attendant que tu aies fait la prière, la chose qui aurait fait plaisir à Dieu t'aura échappé. Tu auras ainsi perdu l'occasion de faire la volonté et le bon plaisir de Dieu. Par ta prière, tu auras commis un péché. Fais ce qui plais à Dieu. C'est cela prier. Ecoute la parole de l'Apôtre : «Si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés». (1Cor. 11, 31)

Juge toi-même ce que je vais te dire. Si tu pars pour un long voyage, et qu'à cause de la grande chaleur il t'arrive d'avoir soif, si tu rencontres alors un frère et que tu lui dises : «Soulage-moi de la soif qui m'accable», et qu'alors il te réponde : «C'est l'heure de la prière. Je vais prier, et ensuite je me rendrai chez toi», en attendant qu'il ait pitié et revienne à toi, tu mourras de soif.
Que t'en semble ? Qu'y a-t-il de meilleur pour toi, qu'il aille prier, ou qu'il apaise ton tourment ?
Quelle utilité aura la prière de celui qui ne soulage pas la souffrance du prochain ? Le Seigneur n'a-t-il pas déclaré que nous serions jugés sur nos oeuvres ?
[...] 
Ce que je t'ai écrit : «Quand on fait la volonté de Dieu, cela est prière», cela me semble beau.
Mais parce que je te l'ai dit, ne va pas te relâcher de la prière, et ne cède pas à l'ennui - selon qu'il est écrit que Notre-Seigneur a dit : «Priez et ne vous lassez pas». Applique-toi à la veille, chasse de toi la somnolence et la pesanteur. Sois en éveil jour et nuit. et ne te laisse pas aller au découragement.

Aphraat le Persan, "Une nuée de témoins"