Toi, tu es notre Père; et toi, Christ, le fils de Dieu. Comment nous fais-tu le don merveilleux de ces premiers mots de notre prière.
Notre Père qui es aux cieux. Ô mon Seigneur, comme on voit bien que vous êtes le Père d'un tel Fils et que votre Fils est bien le fils d'un tel Père ! Soyez-en béni à tout jamais. Une aussi grande faveur ne devrait-elle pas être exprimée plutôt à la fin de notre prière ? Mais c'est dès le début que vous emplissez nos mains et nous accordez une telle grâce ! Notre entendement devrait en être rempli et notre volonté si bien s'en pénétrer qu'il ne soit plus possible d'articuler une seule parole.
Oh mes filles, que la contemplation parfaite viendrait ici bien à propos !
Oh ! Que l'âme aurait raison de rentrer en elle-même afin de pouvoir mieux se dépasser : Ce Fils béni lui ferait alors comprendre ce qu'est ce séjour où réside son Père qui est dans les cieux ! Quittons la terre, mes filles ! Il n'est pas juste qu'après avoir saisi le prix inouï d'une telle faveur, nous en fassions si peu de cas et demeurions sur la terre.
Ô Fils de Dieu, Seigneur de mon âme, pourquoi donnez-vous tout à la fois dès le premier mot. Alors que vous vous humiliez au point de vous unir à nos demandes, de vous faire le frère de si pauvres, si misérables créatures, comment nous donnez-vous, au nom de votre Père, tout ce qui peut se donner, puisque vous voulez qu'il nous considère comme ses enfants ! Et votre parole ne peut rester inefficace. Vous l'obligez donc à accomplir quelque chose qui n'est pas peu : s'il est notre Père, il est obligé de nous supporter, si graves que soient nos offenses. Si, comme l'Enfant Prodigue, nous nous tournons vers lui, il doit nous pardonner, il doit nous consoler dans nos peines, nous nourrir comme il convient à un tel Père, contraint d'être le meilleur de tous les pères puisqu'en lui tout est parfait, et il doit en outre nous rendre avec vous participants de sa vie et héritiers…