Frères et sœurs bien aimés, quand nous nous mettons debout pour prier, nous devons veiller à nous appliquer à la prière de tout notre cœur.
Chassons toute pensée concernant les soucis et les affaires de ce monde, ne pensons qu'à prier. C'est pourquoi le prêtre, avant la prière eucharistique, prépare le cœur des frères et sœurs chrétiens, par ce dialogue :
"Elevons notre cœur !"
Le peuple répond :
"Nous le tournons vers le Seigneur !"
Par là, nous sommes avertis que nous devons penser seulement au Seigneur. Que la porte de notre cœur soit fermée à l'adversaire et ouverte à Dieu seul, pour ne pas laisser l'ennemi entrer en nous au moment de la prière.
Souvent en effet, il se glisse doucement et pénètre en nous, plein de ruse il nous trompe, il éloigne nos prières de Dieu. Alors nous avons une chose dans la bouche et une autre dans le cœur.
Oui, nous devons nous adresser à Dieu avec une intention pure : le bruit des paroles ne suffit pas, ce sont notre esprit et notre cœur qui doivent prier.
Quand tu pries le Seigneur, tu manques vraiment de ferveur si tu te laisses emporter et prendre par des pensées stupides et inutiles !
Est-ce que tu as quelque chose de plus important à penser que de parler avec Dieu ? Comment peux-tu demander à Dieu de t'écouter quand toi, tu ne t'écoutes pas toi-même ? Tu veux que Dieu se souvienne de toi quand tu pries, alors que toi, tu ne te souviens même pas de toi-même !
En agissant ainsi, tu ne te protèges pas complètement contre l'ennemi.
En agissant ainsi, au moment même où tu pries, tu offenses le Dieu très grand par ta négligence dans la prière.
En agissant ainsi, tes yeux veillent mais ton cœur dort.
Or un chrétien doit garder son cœur éveillé, même quand il dort.
Il est écrit dans le Cantique des cantiques, et c'est l'Eglise qui parle : je dors mais mon cœur veille. (Ct 5,2) Voilà pourquoi l'Apôtre donne ce conseil plein de sagesse et de prudence : soyez fidèles à la prière et veillez en priant (Col 4,2).
Par là, il nous enseigne et nous montre ceci : nous pouvons obtenir de Dieu ce que nous lui demandons si Dieu nous voit veiller dans la prière.
Cyprien de Carthage, "de la prière du Seigneur".