Le gave
souffle. L’eau glisse, se froisse, se love, épouse le soleil et la pierre, se
plisse aux racines des aulnes. Un vent léger fait chanter les érables.
La basilique
du Rosaire n’est que lumière et silence dans sa nudité.
La grotte recueille
les premières prières.
Nous sommes ici pour fêter notre Mère, Notre Dame du Mont Carmel. Avant tout. Teresa et Thérèse nous ont invités en quelques mots tout simples… « Je suis fille de l’Eglise » et nous sommes venus.
Je suis
venue.
Lourdes, pleine de rires et de larmes, ses rues où l’on étirera les soirées parce que les jours sont brûlants; néons, brouhaha, boutiques où se côtoient le pire et le meilleur, les vierges en plastique et les chapelets en grappe, bimbeloterie et peluches qui émerveillent les enfants et parfois le trésor, une icône amoureusement écrite, un livre, une pauvre image… et des bouteilles d’eau pour supporter la canicule !
Lourdes de toutes les langues, Babel unifiée par Marie toute Pure… « Que soy era Immaculada Councepciou »
Lourdes de toutes les douleurs et de toutes les joies qui dévoile les mystères d’un rosaire dont chaque fleur est une âme…
Le
soir s’étire à l’envie : rencontre au souffle d’un Esprit qui ne laisse rien
au hasard et nous voici au spectacle, emportés par l’âpre et douce histoire de
Bernadette : la procession du lendemain prendra tout son sens, infiniment
touchante.
Nos
frères s’attardent et nous avec, la nuit est tiède, les bistrots débordent sur
la rue, les rires fusent, l’humour en bandoulière, deux diabolos, une tomate ( ?)
et autre chose… c’est une nuit d’été. Pèlerins en vacances quelques heures,
tout au plaisir du partage.
Mais avant cette joie si bellement humaine, la joie secrète, blottie au creux du cœur. La beauté sans voile, celle que seul Dieu donne à voir : nos frères carmes qui suivent lentement le Saint Sacrement, derniers, et cette évidence : la pauvreté, le silence, l’humilité du Carmel… Il y a comme cela des éclairs de pure grâce…
Dans les entrailles d’un hôtel s’élèvent les voix qui nourriront la célébration samedi. En l’homme l’enfant s’inquiète, soucieux de bien faire, mais Dieu sourit, je n’en doute pas.
Je remonte la nuit, le silence à nouveau, le murmure des grands arbres et le chant de l’eau…
Revenue, je pense à ces frères qui nous accompagnent si bien, leur sourire, leur sérieux, leur profondeur, l’humour toujours prêt à jaillir et, sous les rires, l’infini qui affleure au détour d’un regard, leur humanité inlassablement pétrie par un Dieu boulanger bien décidé à en faire son pain, ce pain dont il a besoin pour le monde.
Silence encore.
Le semeur est sorti pour semer et la semence a levé : rendons grâce à Dieu.
Notre Dame du Mont Carmel, prie pour nous.
Anonyme.