mercredi 28 avril 2021

Le Fils, Prêtre éternel...

La réciprocité d'amour du Père et du Fils fait que le Fils, se recevant tout entier du Père, se rend tout entier au Père, s'offre tout entier au Père. C'est son offrande éternelle au Père dans l'amour, son action de grâce éternelle, ce qu'on peut appeler l'eucharistie éternelle du Fils dans la Sainte Trinité. En tant qu'il l'offre, le Fils exerce dans la Trinité un sacerdoce éternel. Le Fils éternel est éternellement prêtre. Tel est l’archétype de tout sacerdoce.
Ce qui précède signifie que créer un être, pour le Père, c’est identiquement le donner au Fils. Cela n’aurait aucun sens pour le Père de créer quelque chose à côté de son Fils.
Créer, pour le Père, c’est créer en son Fils, donner à son Fils, destiner à son Fils, unir à son Fils.
Créer, pour le Fils (car les trois personnes participent à l’acte de création), c’est rendre au Père en action de grâce, dans le même instant éternel, ce que le Père crée, c’est l’offrir au Père.
Créer, pour L’Esprit, c’est faire de toute chose créée, dans le même instant, un lien d’amour entre le Père et le Fils.

Jean Marie Hennaux, S.J.



lundi 5 avril 2021

Resucito !



Comme le coquelicot déchire l'étoffe trop riche des blés, 
 tu brûles le linge, brodé à nos initiales, de notre trépas.

Christian Bobin, le Christ aux coquelicots

vendredi 2 avril 2021

Vendredi saint...

 
Silence. Silence de ma terre.
Mes épines ont percé sa chair, vos refus son amour.
Silence. 
 
Mes pierres ont crié l’écho de vos errements.
Vos voix sur ma voix lui ont scandé la croix.

Sa voix sur ma voix disait sa Royauté. 
Mes pierres en vos murs l’ont proclamée.
 
Silence.
 
Il est là, il est Dieu, né de Dieu, lumière née de la lumière, et parce que vous croyiez la mort, il est venu l’habiter,
Homme né de l’homme en Marie, il est venu la traverser.
 
Vos douleurs l’écrasent et vos doutes le flagellent…
 
Regardez-le, je vous en prie,
Vous qui avez des yeux, regardez-le.
Il vous regarde.
Il  vous aime.
A chaque pas, il vous aime, il tombe comme tombe mon arbre, d’un coup, de toute sa Face il tombe, il vous aime, la douleur vole son souffle et broie sa chair, il vous aime, son sang tache ma pierre, il vous aime.
 
Mon Bien-Aimé est à vous et vous êtes à mon Bien-Aimé.
Parce qu’il vous aime, je vous aime.
 
 
Je suis le bois qui l’écrase, je suis le fer qui le troue,
Je suis la mort que vous croyez.
Il me met au-dessous de vous et je vous porte.
Bien-aimés, éveillez-vous ! Vous êtes les rois de mon royaume. Conduisez-moi à mon Aimé.
 
 
La nuit enclot ma terre.
Pendant trois heures.
 
J’entends son souffle. Je l’entends entrer et sortir en crépitant. Son dos se déchire à mon arbre. L’eau dans son corps le noie.
Je me tais. J’appelle la nuit plus près. 
 
C’est une neuvième heure.
Vous avez entendu la plainte dans son cri.
 
Le fruit était mûr. Pour vous il a bu le vinaigre,
Il s’est offert tout au bout, tout confiant,
Tout entier Fils il s’est donné au Père.
 
La ténèbre en moi s’est fendue.
 
Vous avez entendu la plainte, vous avez vu la mort, hommes, quand verrez-vous la vie ?
 
Je suis la vie au creux de la mort, lumière en germe au cœur de la ténèbre, quand me verrez-vous ?
Parce qu’il vous aime je vous aime.
Il me met au-dessous de vous et je vous porte.
Je suis la terre, l’humble terre de son désir, Jardin en germe, poussière du monde au vent de son Esprit.
Je suis la pluie qui peint l’arc au ciel de sa Résurrection.
 
Il m’a confiée à vos mains et moi, je me confie.
Je suis à vous et vous êtes à mon Bien-Aimé.
Conduisez-moi à lui.
 
Chant X, Psaumes de la terre, M. F.