
Ce père du désert restreint l’usage de la parole à une raison particulière relative au soin de l’âme, à une nécessité pressante ou à un besoin en lien avec le travail auquel on est occupé. Pour tous les Pères, le passage par le silence vise une qualité de parole. Il ne s’agit pas seulement d’entrer dans une mesure dans l’usage de la parole mais de rechercher un type de parole caractérisé par un ton de voix, un sens de l’opportunité et un choix d’expressions. Dans la foi chrétienne, Dieu parle et se tait. Il y a une égale valeur du silence et de la parole. Dans un silence éternel, Dieu a proféré le Verbe, son Fils. Dans sa Création, il opère continuellement une action silencieuse, sans bruit. En même temps, il nous donne son Fils, Jésus-Christ, qui a prononcé des paroles ineffables et nous reflétons ce Verbe divin par nos paroles bonnes. En Gn 3, à travers le serpent, la parole devient séductrice, rusée, trompeuse. Dans la solitude, le silence vise des pensées nouvelles, de saints désirs, l’écoute de belles paroles afin de réduire au silence dans l’Esprit les pensées mauvaises, les désirs superficiels, les paroles vaines.
Alors, l’être humain retrouve sa voix véritable et sa parole et son regard deviennent prière à l’image de saint Ignace d’Antioche : « l’eau vivifiante (l’Esprit Saint) vit en moi : cette eau parle en moi et me dit : « viens au Père » » (Lettre aux Romains). Dans le silence et la solitude, parole et regard s’orientent vers la prière. L’âme cherche alors des mots et des gestes pour s’adresser à son Dieu. Elle les trouve par la méditation constante des Ecritures et les puise en particulier dans le Livre des psaumes. C’est pourquoi le Pseudo-Athanase donne ce conseil : « Ayez des psautiers et apprenez les psaumes » (Traité sur la virginité).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire